Ariane Cindral

Ariane regardait la toupie virevolter sur le sol, et ce tourbillon l’entrainait dans un passé qui continuait de la hanter…

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-Mama’ ! S’il te plait ! supplia la petite fille
-Ariane, va voir ailleurs ! hurla son père
-Mais…Elle avait promis de m’emmener à la pla-
La gifle la coupa dans son élan, elle fixa cet homme qui se targuait d’être son père, mais qui au final n’était rien d’autre que son géniteur. Puis ses grands yeux noisette dérivèrent vers sa mère, et le joint qu’elle tenait à la main.
-J’VOUS DETESTE ! hurla la gamine en détalant à toutes jambes


Elle sortit du camp et se réfugia près des ruines trolles désormais abandonnées. Elle sentait les larmes lui montaient aux yeux et battit furieusement des cils, refusant de pleurer. Après tout ce n’était pas la première fois. Ni même la dernière. Combien de fois sa mère n’avait-elle pas tenu ses promesses ? Autant de fois qu’elle en avait faites. Mais la déception était toujours là. La drogue, l’alcool et la violence aussi, partout autour d’elle, dans ce camp qu’elle avait fini par haïr. Les décors changeaient, mais pas le reste. Son père était toujours un homme froid, violent et égoïste. Son véritable enfant c’était ses affaires, son commerce, ce groupe d’hommes et de femmes qu’il dirigeait d’une main de fer.

Une silhouette se dessinait au loin. Une autre enfant du camp. Elle fixa Ariane et finit par lui sourire. Un sourire que la petite fille fut incapable de lui rendre. Elle n’était plus sûre de savoir encore comment faire.
-Salut, moi c’est Siana, lança la nouvelle arrivante
-Moi c’est Ariane.
-J’ai vu ce qui s’est passé tout à l’heure…J’suis désolée.
-C’pas ta faute, et puis c’est rien.
-Rien ?! Ton père te frappe et ta mère ne dit rien, c’pas normal !
-J’pensais la même chose au début, répondit Ariane d’un ton impersonnel, mais à force on s’habitue, c’est peut-être l’plus triste…
-J’peux faire quelque chose ? demanda la brunette
- Laisse faire, c’tout.
Siana regarda cette petite fille qui semblait si vieille, qui n’avait plus aucune étincelle dans le regard. Elle comprit qu’elle avait besoin d’être seule un moment. Alors elle se retourna, et s’éloigna en lançant derrière elle :
-Bon anniversaire Ariane.

Cette dernière grimaça. Elle avait sept ans aujourd’hui, mais elle avait l’impression d’en avoir 50…Elle n’avait pas l’impression d’avancer. Chaque jour s’enchainait avec toujours la même succession de trafic de drogue, de parents bourrés. De colère. De solitude…